Printemps de Bourges, acte 1: le Mercredi

  • Première journée du festival, retrouvailles avec Bourges et bal des accrédités. Ca discute fin du monde, dub step, petits chats et belles princesses. Les plus aguerris récitent anecdotes et blagues. Sélection:- Tu connais la différence entre le label E.M.I. et le titanic ?
    – Non…
    – Sur le titanic, la musique continuait pendant que le bateau coulait.
    Explication en fin de page pour les profanes…

 

  • L’auteur de ces lignes ne résiste pas à l’envie d’introduire ces chroniques berruyères par un clin d’oeil à la presse locale. 10h11 ce matin, premier croissant du festival et première frayeur: il aurait pu ne jamais passer. Avec la retenue qu’on lui connaît, « le » quotidien berruyer titre sur «la déferlante Izia » qui « telle une lame de fond renverse tout sur son passage »…
    De quoi faire flipper papa Higelin (Izia étant la fille de Jacques) qui se demandait s’il fallait mieux passer voir fifille avant ou après le concert (anecdote tendresse du jour) et avait fini par choisir de passer après. On a pas encore réussi à savoir si le journal berruyer a mis à disposition canot et gilet de sauvetages.

 

  • Emilie Simon avait la lourde tâche de jouer après le passage du « tsunami Izia » et inaugurait un nouveau dispositif scénique: trois personnes sur scène, un beau costume, un beau chapeau et un nouveau joujou captivant: le Tenori-On, petit séquenceur aux jolis effets de lumière avec lequel elle relit d’anciens morceaux de l’album Végétal. Mention pas mal pour ces relectures et plus largement pour le travail de production et de traitement du son par les machines. Mention osé pour la reprise de I wanna be your dog à quelques mètres et quelques minutes d’Iggy et ses Stooges. Mention bof par contre pour les tremolos dans la voix et les compositions du dernier album. L’artiste, qui explique être parti de mélodies simples auxquelles elle a laissé le temps de mûrir, pousse trop loin le mimétisme avec Kate « sa référence musicale » Bush: naïf et fatiguant.

  • Mention gros paquet pour Archive qui jouait ensuite. Au niveau du son d’abord: nécessité de porter des bouchons d’oreilles pour tout profane souhaitant préserver ses tympans pour les réutiliser plus tard pendant la semaine. Au niveau de la set list ensuite: les musiciens partent chercher des bijoux de noirceur dans le répertoire du groupe (voir plus loin). Après les sets d’Izia et d’Emilie Simon, le contraste est saisissant: les anciens qui attendent le concert d’Iggy ressortent de la salle finir leurs mots croisés, les groupies d’Emilie Simon pleurent et celles d’Izia se jettent des gradins. Aucun bilan chiffré n’a pour l’instant été fourni.

                              

  • Parcours étonnant que celui d’Archive. Une ribambelle d’albums, des membres qui vont et qui viennent, quelques ratés qui laissent à penser que le groupe s’enterre puis deux derniers albums (la série des Controlling crowds) qui rétablissent le cap et synthétisent en un mélange d’électro, de rock progressif et de hip-hop l’ensemble des aspirations du groupe. Le groupe se présente sur scène en formation élargie et se paye le luxe d’avoir quatre voix différentes. On note le retour du rappeur John Rosko qui avait ébloui le premier album du groupe (Londinium, il y a presque 15 ans !). Concert agréable mais exigeant pour un groupe qui sait se mettre en danger: le groupe ressort l’ovni technoïde de l’album You look at the same to me ( Finding it so hard) et un morceau de l’album (fossilisé depuis) Take my head.

 

  • Plus tôt dans la soirée, un plateau hip-hop mc’s/musiciens était proposé au Palais d’Auron. Introduction par la jeune anglaise Speech Debelle venue présenter son album Speech therapy entourée d’un batteur, d’un guitariste, d’un contrebassiste et d’un collègue mc aux backs vocaux. Prestation intéressante même si gâchée par des balances dégueulasses et l’anesthésie du public.

 

  • S’il s’agit de fournir un exemple de passion et d’engagement compulsif pour le hip-hop, la formation Hocus Pocus constitue un sacré modèle. Construite autour de 20syl (au micro) et de Greem (aux platines), moitié du collectif C2C quadruple champion du monde de deejaying, elle s’est au fur et à mesure enrichie de musiciens pour à ce jour constituer une formation de huit personnes. Très intéressant pour les yeux et les oreilles, le groupe sait se mettre en scène et ça groove à s’en arracher une molaire avec une pince à épiler. Mention spéciale pour LA phase de la journée: chacun des musiciens apporte sa contribution à une séance de beatbox collective, 20syl pose un texte dessus avant que les musiciens ne regagnent leurs instruments sur le morceau « hip-hop » relooké et breakbeaté pour l’occasion.

  • Sinon et dans un registre différent, l’auditorium accueillait un plateau chanson française bien gentillet. Féloche, J.P. Nataf (la voix des innocents mais sans les innocents et avec une barbe) puis Jeanne Cherhal ont réussi à jouer sans tâcher les murs (même si Féloche et sa banda de musiciens délurés n’en est pas passé très loin). Mention spéciale chanson française de la journée à J.P. Nataf, en solo pour l’introduction de son concert, arpège guitare et voix sur le morceau Seul Alone (extrait de son album Clair sorti pendant l’hiver).

 

  • Et puis il y a tout un tas d’artistes dont l’auteur de ces lignes ne dira rien, faute de les avoir vus ( il taira d’ailleurs également les diverses raisons pour lesquelles il n’a pas assisté à leurs performances…). Dans le désordre: Iggy Stooges et ses Pop, Tumi & The Volume ou Wax Taylor…
    Il paraît cependant que c’était bien.

 

  •  Ah oui, l’explication de la blague….Ben en fait, E.M.I. perd ses grosses signatures depuis quelques longs mois. C’est même à la limite de l’hémoragie: les Rolling Stones, Radiohead et pas mal d’autres. D’où l’idée qu’il n’y a plus de musique à écouter dans le bateau E.M.I.

A demain pour la suite.

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