Etude sur les dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles sur les festivals

Alors que la saison des festivals commence, il est temps de faire le point sur l’efficacité des dispositifs mis en place par les organisateurs pour lutter contre les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS). C’est ce que propose l’institut Gece dans une étude qui regroupe les résultats d’enquêtes menées en 2022 dans trois festivals, et présentée via un webinaire organisé le 16 mai dernier.

Les festivals constituent des espaces de rassemblement où les actes de VSS peuvent se produire. Ces violences portent atteinte à l’intégrité physique et/ou psychologique des individus en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Elles peuvent prendre différentes formes, allant des attitudes irrespectueuses et moqueuses aux gestes inappropriés et aux agressions.

Face à ce problème, de nombreux festivals en France et ailleurs ont pris des mesures pour lutter contre les VSS. Parmi ces mesures, on retrouve des applications d’alerte, des stands de sensibilisation, la mise en place d’espaces d’accueil appelés « safe zones » pour les potentielles victimes, des campagnes d’affichage, des formations pour les équipes de sécurité, ainsi que des collaborations avec des associations spécialisées.

Pour évaluer l’efficacité de ces dispositifs, l’institut Gece a mené une étude pendant l’été 2022 en interrogeant un total de 1 251 festivaliers de Marsatac, 9 335 festivaliers des Vieilles Charrues et 2 241 festivaliers des Plages Électroniques.

Les résultats de l’étude montrent que plus de 90 % des festivaliers se sont sentis en sécurité pendant le festival. Pour ceux qui ont ressenti de l’insécurité, ce sentiment était principalement lié à la foule, à la présence d’individus en état d’ivresse et à la peur des piqûres. En ce qui concerne les cas de VSS, l’étude révèle qu’en moyenne, environ 3 % des festivaliers ou l’un de leurs proches ont subi des violences de ce type pendant le festival.

Les festivaliers sont généralement conscients de l’existence des dispositifs mis en place pour lutter contre les VSS, avec des taux de notoriété de 65 % à Marsatac, 77 % aux Vieilles Charrues et 66 % aux Plages Électroniques. Les festivals jouent un rôle clé dans la diffusion de l’information sur ces dispositifs, en utilisant notamment leurs « safe zones », leurs réseaux sociaux, leurs sites internet et les écrans d’affichage.

Cependant, le recours aux dispositifs mis en place a été relativement faible. Seuls 6 % des festivaliers des Vieilles Charrues et des Plages Électroniques se sont rendus dans les « safe zones », et moins de 1 % ont eu recours à l’aide d’un maraudeur. Les dispositifs ont principalement été utilisés pour s’informer.

L’application Safer, qui vise à prévenir les VSS, a été bien accueillie par ceux qui en ont connaissance. 92 % des personnes qui connaissent l’application estiment qu’elle permet de se sentir plus en sécurité et qu’elle donne une bonne image du festival. Cependant, l’étude souligne certaines limites liées à des dysfonctionnements ou à des problèmes de réseaux.

Sur la base des résultats de l’étude, l’institut Gece propose plusieurs pistes d’amélioration pour lutter contre les VSS. Il est recommandé de rendre les messages liés à la prévention des VSS et aux dispositifs plus visibles sur les festivals. Il est également important de sensibiliser davantage les festivaliers avant leur arrivée en les encourageant, par exemple, à télécharger l’application Safer. D’autres suggestions comprennent la proposition de couvercles pour les gobelets, l’ajout d’un module Safer à l’application du festival pour éviter de devoir télécharger deux applications distinctes, l’installation de davantage de points Wi-Fi sur les festivals pour améliorer la connexion, et la sensibilisation des équipes de sécurité aux VSS.

L’étude sur les VSS menée par Gece est le résultat d’une commande d’étude de publics émanant de plusieurs clients de l’institut. L’une des études réalisées, celle sur le festival Les Plages Électroniques, a été partiellement financée par le Centre National de la Musique, qui souhaitait évaluer le dispositif de lutte contre les VSS.

Fondé en 2005, Gece est un cabinet d’études et de sondages basé à Rennes. Il réalise des enquêtes qualitatives et quantitatives dans divers domaines tels que la culture, les loisirs, le sport, l’évènementiel, le tourisme, l’industrie, la banque, les institutions et les collectivités, ainsi que le développement durable. L’équipe pluridisciplinaire de Gece est composée de statisticiens, de sociologues, d’anthropologues, de psychologues, de géographes et d’économètres. Parmi ses clients figurent des festivals renommés tels que le Hellfest, le Main Square, le festival Royal de Luxe, les Vieilles Charrues et Un été au Havre, ainsi que des institutions telles que le musée des Confluences, le FC Lorient, le Louvre, le musée des Beaux-arts de Lyon, Sodexo, E.Leclerc et la métropole de Rennes.

L’étude réalisée par l’institut Gece met en lumière l’importance des dispositifs de lutte contre les VSS sur les festivals. Bien que la majorité des festivaliers se soient sentis en sécurité, il est essentiel de continuer à sensibiliser et à améliorer ces dispositifs pour prévenir et réduire les violences sexistes et sexuelles. L’engagement des festivals, des associations et des festivaliers eux-mêmes est crucial pour créer des espaces sûrs et inclusifs où chacun peut profiter pleinement de l’expérience festivalière.